Pourquoi ce nom ? Ce titre est le nom d’une de ses œuvres
« Géométrie
Amoureuse » en verre de Murano et en aluminium présentée au Musée
du
Louvre en 2004, en confrontation, sur
place,
de la statuette d’Ishtar en
albâtre, or et rubis, du XIIIème siècle avant J-C, pour l’exposition
« Contrepoint ».
@2017 Othoniel/ADAGP, Paris, collection de l'artiste
Ce titre nous
indique toutes les
tendances de son travail, de part son insatiable curiosité, de ses découvertes,
de sa rigueur,
de sa sensualité, les
blessures, la beauté, le caché, le révélé et de ses recherches.
Nous retrouvons cette pièce au Carré Saint Anne où toutes les œuvres anciennes
et de sa collection particulière sont rassemblées, tout un parcours de vie
d’artiste, mieux vaut commencer à visiter celle-ci.
Au CRAC de Sète (Centre Régional d’Art Contemporain) sont installés
les derniers travaux de l’artiste Jean Michel
Othoniel.
Retour d’un, des anciens artistes, venu en Résidence d’été
à la Villa Saint Clair
en 1988, mise en place par Noëlle Tissier. Tant
d’artistes connus et reconnus dans le monde entier sont venus en résidence, comme
Johan Creten, Yan Pei-Ming, Philippe Ramette, Philippe Perrin, Glenn Baxter, Brigitte
Nahon, Robert Combas….
@2017 Othoniel/ADAGP, Paris, courtesy galerie Perrotin
A Sète, nous sommes impressionnés par la première salle où se tient
« The Big Wave » sa dernière
création en grandeur nature.
Plus de
deux ans de travail, de préparation ont été nécessaire, et, plusieurs dessins
techniques, aquarelles et images en
3D.
Il a fallu
quatorze
personnes de son équipe pour la monter. Lors
d’un voyage en Inde, il découvre le long des routes des piles de briques de
verre, dont la fonction est de construire les maisons. Alors, il part deux
mois avec son verrier à Firozabad chez les
verriers pas loin
du Taj Mahal en Inde.
Il ramène
10.000 briques de verre noir soufflé,
les assemble tel un nid d’abeille, avec
ses
six mètres
de hauteur et
ses quinze mètres de longueur, puis les consolidée
par une structure métallique. Son travail, ici, bascule vers l’architecture
utopique. Image en taille réelle du Tsunami japonais, lorsque ce dernier frappa
les côtes de Fukushima, souvenir indélébile de 2011 pour Jean Michel Othoniel..
Au même moment, il préparait sa future
exposition au Japon
« My Way » et
« Le Réel Merveilleux » au Hara Museum of Contemporary of Art à Tokyo
Cette œuvre fait référence également à la première photographie réalisée à
Sète en 1857, il y a 160 ans,
par
Gustave Le Gray dont le nom est
« La Grande Vague ».
D’ailleurs, il présenta en 1988
« Insuccès Photogaphiques » à la
caserne Vauban de Sète, sous forme de plaques photosensibles, pour sa résidence
à la Villa Saint Clair. Il
est passionné
par la photographie ancienne, que l’on retrouve dans ses premières œuvres
photographiques.
@2017 Othoniel, ADAGP, Paris, collection de l'artiste
«Invisibility Face» sont neuf
sculptures en forme de météorites en obsidienne
comme des autoportraits telluriques que l’artiste a sculptées avec ses
verriers, ramenées d’Arménie
puis posées
sur des socles en bois de marronnier sculptés par les menuisiers anthroposophes
de la Cité de Dornach en Suisse. Elles rappellent le polyèdre de la
« Melancholia »
de Dürer. Des faces invisibles qui regardent le spectateur et le dominent.
Au Carré Saint-Anne, est exposé
« Le Contrepet » réalisé en 1992, juste
après son exposition à la Documenta IX de Cassel, qui est à l’origine de son
travail sur le verre. Deux ans auparavant, à Naples, à
sa première exposition personnelle, il attrape
le virus des voyages et de l’histoire ancienne.
Il est obsédé par la présence symbolique de soufre dans les champs
Phlégréens. Il va se tourner
vers les Iles
Eoliennes de Vulcano. Une vulcanologue lui explique sur l’île de Lipari, que
l’obsidienne, le verre noir,
opaque et tranchant des volcans est maintenant
recouverte d’une pierre ponce blanche, provoqué par une éruption volcanique. Il
suffit de refondre cette dernière pour donner de l’obsidienne.
Il n’hésite pas, il le fait avec le (CIRVA)
Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques à
Marseille.
@2017 Othoniel, ADAGP, Paris, courtesy galerie Perrotin
Puis, notre regard se pose sur les
« Black Lotus » inspirées de l’histoire des fleurs
(son herbier merveilleux), un nouveau climat spirituel,
accrochée au mur une nouvelle série de neuf peintures, œuvres autonomes
représentent
la pureté de la fleur,
noircie par l’encre, le monde noirci par l’homme comme des figures abstraites
qui se répètent, sur des fonds en feuilles d’or blanc. Ces
icônes sont nées de l’observation des fleurs et
entourent ses sculptures tornades, de perles noires du même nom, un moment de
solitude retrouvé.
@2017 Othoniel, ADAGP, Paris - Courtesy galerie Perrotin
Nous remarquons un collier surdimensionné
« The Gigantic Necklace »
de 8m50 de hauteur, difficile d’échapper à ses colliers. A partir de 1997,
apparurent le
« Collier Cicatrice » suite au décès de Félix
Gonzales-Torres, petit collier en verre rouge de Murano ; le
« Collier
Seins » d’Hawaï ; le
« Collier Rouge » avec les secrets du
rouge de Venise ; le
« Collier Noir » de la série
« Black
is beautiful » de la Nouvelle-Orléans ;
le
« Collier Alessandrita » en
minerai d’alexandrite; le
« Collier
Or » en feuilles d’or.
@2017 Othoniel, ADAGP, Paris - Courtesy galerite Perrotin
Les dernières salles placent le corps sous le signe de la tempête et de la
violence des éléments.
Trois
grands mobiles
"Tornado" en forme de tornade,
en suspension,
en équilibre entourent
le corps, dominé et diffracté. Le reflet est
démultiplié à l’infini
dans les miroirs
de perles ou de briques de verre. Etre au centre comme l’œil du cyclone. La
tornade est puissante et si l’artiste ne reste
pas centré, elle l’éjecte, aussi devient-il spectateur de son propre
travail aime à dire Jean Michel Othoniel.
@2017 Elisabeth Petibon- "The Wild Pansy" In Situ, Collection de l'artiste
« The Wild Pansy » est la dernière œuvre. Elle fonctionne comme un
trou noir dans lequel le regardeur se perd et se laisse hypnotiser : son
corps est happé, portrait d’un homme libre, une œuvre colorée.
Le
premier étage du CRAC, cent douze
dessins remplissent les murs,
tel un
carnet de voyage réalisé entre 1996 et 2017, cheminement de sa pensée, de ses
travaux imaginaires ou réels, tout comme :
le projet réalisé, et ses
esquisses
déjà commencées entre 1996/1997 lors de son séjour à la Villa Médicis, pour
sa première
commande publique,
concerne le
métro parisien, la station « Palais Royal »,
pour les cent ans de la ligne 1 et le passage à l’an 2000 .
« Le Kiosque des
noctambules » sur la Place Colette, façonné d’une double couronne
de verre et d’aluminium dissimule un banc
destiné aux rencontres fortuites;
ou bien, en 2003,
« Crystal Palace » à la Fondation Cartier
sur Paris
et au MOCA de Miami;
ou bien, en 2013, pour
Aix en
Provence, une girouette mobile la
« Rose des Vents » présente des
faces toujours différentes aidée par le Mistral
non loin de l’atelier de Cézanne;
ou bien, en 2015,
« Les Belles Danses », ses sculptures fontaines
dans les bassins du bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de
Versailles composées
d’entrelacs et
d’arabesques en perles de verre dorées à la feuille, évoquant l’époque de Louis
XIV, fait suite à un concours international de quatre
années.
Par contre à Montpellier, aux murs de l’église peints en rouge pompéien sont
accrochés de nombreuses aquarelles mélangées à des textes, de
« L’herbier Merveilleux »
Ce sont des planches enluminées,
comme
un carnet de note. Elles entourent une grande installation colorée de briques
bleues réalisées avec les verriers indiens de Firozabad. De nombreuses œuvres en
verre sont suspendues au centre d
e
la nef, une vingtaine d’œuvres de périodes différentes marquées par le corps,
souffrant et sensuel. C’est une rétrospective de son travail depuis « My
Way » au Centre Pompidou , en 2011.
Jean-Michel Othoniel est défendu par les galeries Perrotin (Paris, New York
et Hong Kong), Karsten Greve (Cologne et Saint Moritz) et Kukje à Séoul.
Après avoir créé sur Sète, la Résidence d’artistes Villa Saint Clair avec ses
ateliers internationaux de recherche et de rencontre, ainsi que l’édition de
livres de la Villa Saint Clair, Noëlle Tissier ouvre le Centre d’Art
Contemporain,
et, depuis 1997 le dirige.
De 2006 à 2009, elle préside l’association
d.c.a.
(association française de
développement des centres d’art). Elle reçoit en 2011 les insignes de Chevalier
de l’Ordre National du Mérite. Cette grande Dame part à la retraite, après une
prolongation de trois ans. Sa dernière saison se termine par l’exposition de
Jean-Michel Othoniel, un des
premiers
artistes mondialement reconnus, passés par la
Villa Saint Clair, ainsi que Johan Creten et Yan Pei Ming avant lui.
exposition jusqu’au 24/09/2017
Centre Régional d’Art Contemporain
26 Quai Aspirant Herber
34200 SETE
www.crac.languedocroussillon.fr
ouvert TLJ de 12H30 à 19H sauf le mardi– samedi/dimanche de15hà 20H
Carré Saint Anne
2 rue Philippy 34000 Montpellier
www.montpellier.fr
ouvert du mardi au dimanche de 11H à 13H et de 14H 19H