mardi 18 juillet 2017

Un Chef-d’œuvre, une exposition EL GRECO au musée Paul Valéry de Séte



Un Chef-d’œuvre, une exposition EL GRECO
Prendre le temps de regarder une œuvre, autrement, différemment et quelle œuvre, c’est un chef-d’œuvre ! Ne pas se satisfaire d’un rapide coup d’œil !

Telle est la devise de Maïthé Vallès-Bled, conservatrice en chef du patrimoine et directrice du Musée Paul Valéry. 

Elle met en place pour cette année estivale 2017 un nouveau concept, avec une seule œuvre d’un grand Maître Le GRECO.  L’exposition nous donne à voir « l’Immaculée Conception de la Chapelle Oballe » fait en 1608-1613, la dernière période de l’artiste, une huile sur toile et non sur fresque, inhabituel pour l’époque, au dimensions monumentales  (3,48  x 1,74 m).  Elle est considérée comme son testament artistique. On y retrouve un aboutissement de toute sa puissance artistique. Elle révèle tous les recours techniques du peintre, une maitrise et un équilibre parfaits.  

Elle est restée dans la Chapelle Oballe de la Paroisse San Vicente Martyr de Tolède dans un retable inspiré de l’architecture vitruvienne jusqu’en 1961 avant d’être installée en 1965 au Musée de Santa Cruz de Tolède en Espagne. 

Le Musée accorde un prêt exceptionnel au musée Paul Valéry de Sète, l’œuvre est exposée pour la première fois en France

La scénographie est faite de telle sorte que le visiteur peut s’installer confortablement dans les canapés devant l’œuvre, pour la contempler, l’admirer, y découvrir tous les détails un à un.

Dans les salles adjacentes, des films sont projetés et des écrits sur des éléments historiques, biographiques et artistiques pour comprendre le tableau. Le visiteur découvre les détails, les symboles, les harmonies de chaque partie du tableau. 


Le Greco dans ce tableau conjugue deux univers, le terrestre et le céleste, le monde du visible et celui de l’invisible.
On y découvre l’accumulation des symboles mariaux  caractéristiques d’une Immaculée Conception, l’absence des apôtres. Au sommet de la toile dans un éblouissement chromatique,  la Colombe du Saint Esprit  entourée de chérubins forme une mandorle autour de la tête de la Vierge et irradie l’ensemble. La vierge est revêtue une étoffe bleue qui recouvre grandement une tunique rouge. Elle est élevée au ciel par les séraphins et les chérubins, certains jouent d’un instrument de musique et l’un d’entre eux, aux pieds de la Vierge, la soutient avec ses larges ailes déployées. Dans la partie inférieure gauche, au contraire c’est la Lune qui éclaire la ville de Tolède. En bas à droite, un buisson de roses, de lys et les emblèmes des Litanies de Lorette : un miroir sans tache, une fontaine des jardins, un puits d’eaux vives, étoile de la mer guide des navires menacés de naufrage et on remarque  également le serpent

Demeuré longtemps dans l’oubli, le Greco fut redécouvert au XIX ième siècle. Certainement par son dynamisme d’un mouvement ascensionnel y contribue.

Il est né sous le nom de Domenikos Theotokopoulos en 1541 à Candie, capitale de l’île de Crète, alors sous la domination de la République de Venise. Vers l’âge de vingt ans, il étudie à Venise chez Titien, il subit son influence, celle du Tintoret et de Bassano. Il séjourne à Rome mais ses critiques envers Michel-Ange le rendent impopulaire. Pourtant, une certaine influence de ce dernier prend place dans ses premières œuvres espagnoles. Il arrive vers 1576 à Madrid, l’année d’après, il se retrouve à Tolède alors centre de la vie artistique, intellectuelle et religieuse de l’Espagne. Les commandes religieuses et privées affluent. Il meurt le 7 avril 1614 à Tolède.

Les formes et les couleurs s’échafaudent ou s’épousent dans une alchimie ou la réalité et l’imaginaire n’ont de sens que l’expression de son génie. Un peintre en avance sur son temps avec trois siècles d’avance et intéresse les artistes du XX ème siècle. Il eu comme admirateurs Théophile Gautier et Baudelaire, puis Millet et Manet sont également séduits. L’éloignement d’une perspective classique intrigue le groupe expressionniste « le Blaue Reiter », puis Schiele, Oppenheimer et entre autre Bacon, se rapproche de son travail.


Exposition du 24 juin au 1er octobre 2017 ouvert TLJ de 9H30 à 19H
Musée Paul Valery 148, rue François Desnoyer  34200 Sète
Tél : +33( 0)499 047 616

mardi 4 juillet 2017

« Géométries Amoureuses » Jean Michel OTHONIEL au Crac de Sète et au Carré Saint à Montpellier




Pourquoi ce nom ? Ce titre est le nom d’une de ses œuvres « Géométrie Amoureuse » en verre de Murano et en aluminium présentée au Musée du  Louvre en 2004, en confrontation, sur place,  de la statuette d’Ishtar en albâtre, or et rubis, du XIIIème siècle avant J-C, pour l’exposition « Contrepoint ».
@2017 Othoniel/ADAGP, Paris, collection de l'artiste

Ce titre nous  indique toutes les tendances de son travail, de part son insatiable curiosité, de ses découvertes, de sa rigueur,  de sa sensualité, les blessures, la beauté, le caché, le révélé et de ses recherches.

Nous retrouvons cette pièce au Carré Saint Anne où toutes les œuvres anciennes et de sa collection particulière sont rassemblées, tout un parcours de vie d’artiste, mieux vaut commencer à visiter celle-ci.

Au CRAC de Sète (Centre Régional d’Art Contemporain) sont installés  les derniers travaux de l’artiste Jean Michel Othoniel.

Retour d’un, des anciens artistes, venu en Résidence d’été  à la Villa Saint Clair  en 1988, mise en place par Noëlle Tissier. Tant d’artistes connus et reconnus dans le monde entier sont venus en résidence, comme Johan Creten, Yan Pei-Ming, Philippe Ramette, Philippe Perrin, Glenn Baxter, Brigitte Nahon, Robert Combas….

@2017 Othoniel/ADAGP, Paris, courtesy galerie Perrotin

A Sète, nous sommes impressionnés par la première salle où se tient  « The Big Wave » sa dernière création en grandeur nature.  Plus de deux ans de travail, de préparation ont été nécessaire, et, plusieurs dessins techniques, aquarelles et images en  3D. Il a fallu  quatorze  personnes de son équipe pour la monter. Lors d’un voyage en Inde, il découvre le long des routes des piles de briques de verre, dont la fonction est de construire les maisons. Alors, il part deux  mois avec son verrier à Firozabad chez les verriers pas loin  du Taj Mahal en Inde. Il ramène  10.000 briques de verre noir soufflé, les assemble tel un nid d’abeille, avec  ses six mètres  de hauteur et  ses quinze mètres de longueur, puis les consolidée par une structure métallique. Son travail, ici, bascule vers l’architecture utopique. Image en taille réelle du Tsunami japonais, lorsque ce dernier frappa les côtes de Fukushima, souvenir indélébile de 2011 pour Jean Michel Othoniel..  Au même moment, il préparait sa future  exposition au Japon « My Way » et « Le Réel Merveilleux » au Hara Museum of Contemporary of Art à Tokyo
Cette œuvre fait référence également à la première photographie réalisée à Sète en 1857, il y a 160 ans,  par Gustave Le Gray dont le nom est « La Grande Vague ».

D’ailleurs, il présenta en 1988 « Insuccès Photogaphiques » à la caserne Vauban de Sète, sous forme de plaques photosensibles, pour sa résidence à la Villa Saint Clair. Il  est passionné par la photographie ancienne, que l’on retrouve dans ses premières œuvres photographiques.

@2017 Othoniel, ADAGP, Paris, collection de l'artiste

 «Invisibility Face» sont neuf  sculptures en forme de météorites en obsidienne comme des autoportraits telluriques que l’artiste a sculptées avec ses verriers, ramenées d’Arménie  puis posées sur des socles en bois de marronnier sculptés par les menuisiers anthroposophes de la Cité de Dornach en Suisse. Elles rappellent le polyèdre de la « Melancholia » de Dürer. Des faces invisibles qui regardent le spectateur et le dominent.

Au Carré Saint-Anne, est exposé « Le Contrepet » réalisé en 1992, juste après son exposition à la Documenta IX de Cassel, qui est à l’origine de son travail sur le verre. Deux ans auparavant, à Naples, à  sa première exposition personnelle, il attrape le virus des voyages et de l’histoire ancienne.  Il est obsédé par la présence symbolique de soufre dans les champs Phlégréens. Il va se tourner  vers les Iles Eoliennes de Vulcano. Une vulcanologue lui explique sur l’île de Lipari, que  l’obsidienne, le verre noir,  opaque et tranchant des volcans est maintenant recouverte d’une pierre ponce blanche, provoqué par une éruption volcanique. Il suffit de refondre cette dernière pour donner de l’obsidienne.  Il n’hésite pas, il le fait avec le (CIRVA) Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques à Marseille.


@2017 Othoniel, ADAGP, Paris, courtesy galerie Perrotin

Puis, notre regard se pose sur les  « Black Lotus » inspirées de l’histoire des fleurs  (son herbier merveilleux), un nouveau climat spirituel, accrochée au mur une nouvelle série de neuf peintures, œuvres autonomes représentent  la pureté de la fleur, noircie par l’encre, le monde noirci par l’homme comme des figures abstraites qui se répètent, sur des fonds en feuilles d’or blanc. Ces  icônes sont nées de l’observation des fleurs et entourent ses sculptures tornades, de perles noires du même nom, un moment de solitude retrouvé.


@2017 Othoniel, ADAGP, Paris - Courtesy galerie Perrotin

Nous remarquons un collier surdimensionné « The Gigantic Necklace » de 8m50 de hauteur, difficile d’échapper à ses colliers. A partir de 1997, apparurent le « Collier Cicatrice » suite au décès de Félix Gonzales-Torres, petit collier en verre rouge de Murano ; le « Collier Seins » d’Hawaï ; le « Collier Rouge » avec les secrets du rouge de Venise ; le « Collier Noir » de la série « Black is beautiful » de la Nouvelle-Orléans ;  le « Collier Alessandrita » en minerai d’alexandrite; le « Collier Or » en feuilles d’or.


@2017 Othoniel, ADAGP, Paris - Courtesy galerite Perrotin

Les dernières salles placent le corps sous le signe de la tempête et de la violence des éléments.
Trois  grands mobiles "Tornado" en forme de tornade,  en suspension,  en équilibre entourent  le corps, dominé et diffracté. Le reflet est démultiplié à l’infini   dans les miroirs de perles ou de briques de verre. Etre au centre comme l’œil du cyclone. La tornade est puissante et si l’artiste ne reste  pas centré, elle l’éjecte, aussi devient-il spectateur de son propre travail aime à dire Jean Michel Othoniel.

@2017 Elisabeth Petibon-  "The Wild Pansy" In Situ, Collection de l'artiste

« The Wild Pansy » est la dernière œuvre. Elle fonctionne comme un trou noir dans lequel le regardeur se perd et se laisse hypnotiser : son corps est happé, portrait d’un homme libre, une œuvre colorée.

Le  premier étage du CRAC, cent douze dessins remplissent les murs,  tel un carnet de voyage réalisé entre 1996 et 2017, cheminement de sa pensée, de ses travaux imaginaires ou réels, tout comme :
le projet réalisé, et ses  esquisses déjà commencées entre 1996/1997 lors de son séjour à la Villa Médicis, pour  sa première  commande publique,  concerne le  métro parisien, la station « Palais Royal », pour les cent ans de la ligne 1 et le passage à l’an 2000 . « Le  Kiosque des noctambules » sur la Place Colette, façonné d’une double couronne  de verre et d’aluminium dissimule un banc destiné aux rencontres fortuites;
ou bien, en 2003, « Crystal Palace » à la Fondation Cartier  sur Paris  et au MOCA de Miami;
ou bien, en 2013, pour  Aix en Provence, une girouette mobile la « Rose des Vents » présente des faces toujours différentes aidée par le Mistral  non loin de l’atelier de Cézanne;
ou bien, en 2015, « Les Belles Danses », ses sculptures fontaines dans les bassins du bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de Versailles composées  d’entrelacs et d’arabesques en perles de verre dorées à la feuille, évoquant l’époque de Louis XIV, fait suite à un concours international de quatre années.


Par contre à Montpellier, aux murs de l’église peints en rouge pompéien sont accrochés de nombreuses aquarelles mélangées à des textes, de « L’herbier Merveilleux » Ce sont des planches enluminées,  comme un carnet de note. Elles entourent une grande installation colorée de briques bleues réalisées avec les verriers indiens de Firozabad. De nombreuses œuvres en verre sont suspendues au centre de la nef, une vingtaine d’œuvres de périodes différentes marquées par le corps, souffrant et sensuel. C’est une rétrospective de son travail depuis « My Way » au Centre Pompidou , en 2011.

Jean-Michel Othoniel est défendu par les galeries Perrotin (Paris, New York et Hong Kong), Karsten Greve (Cologne et Saint Moritz) et Kukje à Séoul.

Après avoir créé sur Sète, la Résidence d’artistes Villa Saint Clair avec ses ateliers internationaux de recherche et de rencontre, ainsi que l’édition de livres de la Villa Saint Clair, Noëlle Tissier ouvre le Centre d’Art Contemporain,  et, depuis 1997 le dirige.  De 2006 à 2009, elle préside l’association d.c.a.  (association française de développement des centres d’art). Elle reçoit en 2011 les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Cette grande Dame part à la retraite, après une prolongation de trois ans. Sa dernière saison se termine par l’exposition de  Jean-Michel Othoniel, un des  premiers artistes mondialement reconnus, passés par la Villa Saint Clair, ainsi que Johan Creten et Yan Pei Ming avant lui.


exposition jusqu’au 24/09/2017
Centre Régional d’Art Contemporain
26 Quai Aspirant Herber
34200 SETE
www.crac.languedocroussillon.fr
ouvert TLJ de 12H30 à 19H sauf le mardi– samedi/dimanche de15hà 20H

Carré Saint Anne
2 rue Philippy 34000 Montpellier
www.montpellier.fr
ouvert du mardi au dimanche de 11H à 13H et de 14H 19H