lundi 25 octobre 2021

FIAC 2021 47eme édition un grand retour dynamique et varié

Après deux ans d'absence physique, c'est le succès! Conçu par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, le Grand Palais Ephémère, installé sur le Champ-de-Mars, plus petit, certes, avec 30% en moins par rapport au Grand Palais,  en attendant la réouverture de ce dernier, fermé pour grands travaux. Par contre, le parcours est  plus concentré et très agréable.

Une extension supplémentaire, la galerie Eiffel, a été ajoutée. Il a fallu diminuer la superficie des stands pour un prix variant entre 640 à 690 euros le m2. 

Malgré le manque de galeries américaines et asiatiques, en raison de la contrainte sanitaire, les ventes ont bien marché, même si les entrées ont été en baisse, 46 655 visiteurs en cinq jours au lieu de 74 580 entrées en 2019. La FIAC a rassemblé 171 exposants comprenant le Secteur Général, le Secteur Jeunes Galeries, les éditeurs  le Secteur Design de très bon niveau. 

Le retour des collectionneurs, des institutions publiques, des fondations privées, des galeristes, des curateurs et des visiteurs du monde entier est un ravissement. 

Cette année, le vernissage n'avait pas lieu le soir de la journée professionnelle, changement volontaire en raison d'une jauge plus contraignante. Pour les professionnels de l'Art, et de Jennifer Flair, directrice de la Foire, c'est un essai bien concluant. Comme, elle a aimé le dire : " Une énergie, une créativité et une joie s'en dégageaient. Paris et la FIAC, resteront le rendez-vous incontournable de la rentrée automnale du Marché de l'Art International, de belles affaires ont été  faites."

Jennifer Flay devant l'oeuvre "Alliance des corps" 2021 de Marinelli Senatore @galerie Mazzoleni 


Une lacune cependant, la sécurité a manqué de vigilance, deux galeries au moins, ont été détériorées et volées dans la soirée du jeudi au vendredi 

Cette année, le seuil d'un million pour l'achat d'une oeuvre est largement dépassé

Un Robert Rauschenberg "Star Grass" est parti à 2,8 millions de dollars chez Thaddaeus Ropac et l'oeuvre "Bad im Flur" de Georg Baselitz pour 1, 2 millions d'euros

Hauser & Wirth a vendu un George Condo a 1,5 millions d'euros pour une fondation française et d'autres ventes ont eu lieu pour des collections privées 

Gagosian a inauguré un lieu supplémentaire, la veille de la FIAC, au 9 rue Castiglione dans le 8eme, près de la Place Vendôme, où il a installé, aidé de la Ville de Paris, l'oeuvre monumentale d'Alexandre Calder "Flying Dragon" de 1975. Elle restera jusqu'au 2 janvier 2022. Il a pu faire de belles transactions auprès de nouveaux collectionneurs.

Xavier Hufkens a vendu Alice Neel, Lynda Benglis, Antony Gormley, Louise Bourgeois pour un total de plus de 3 millions de dollars. Il a été très content de cette belle émulation. 

Christian Berst, spécialiste de l'art brut, a cédé dès l'ouverture, trois grandes oeuvres entre 40 000 et 60 000 euros de l'artiste tchéque Lubos Piny. Dans son travail, l'artiste conjure la mort et le sublime

La galerie Sharstedt, NY et Londres, vient d'ouvrir une nouvelle succursale au 2, avenue Matignon. Elle a bien vendu,  parmi des oeuvres de Baselitz, Cindy Sherman, David Salle à un public international dès le premier jour de la foire. Elle a également installer dans le jardin des Tuileries une sculpture  "Tumbling Woman" 2002 d'Eric Fischl, illustrant la vulnérabilité de la condtion humaine des vies perdues du 11 septembre 2001. La sculpture est en dialogue avec la  "La Rivière" de  1938 d'Aristide Maillol, tous deux considérés comme pacifistes. L'artiste Eric Fischl expose actuellement dans le nouveau lieu parissien

                                        Eric Fischl "Tumbling Woman"" 2002 @galerie Skarstedt

Ceysson & Bénétière ont conclu diverses ventes à plusieurs collections privées françaises, belges, et des fondations, avec plus de cinquante oeuvres de 15 000 à 150 000 euros. De plus un travail de fond a été réalisé sur le mouvement Supports/surfaces, attentes plus qu'atteintes

Cécile Fakhoury, Abidjan, Dakar vient d'ouvrir une nouvelle antenne au 29 Avenue Matignon. Elle a vendu six toiles sur huit dès la journée professionnelle, dont le prix est compris entre 35 000 et 50 000 euros  à des collectionneurs africains et européens (trois toiles sont  reparties en Afrique). Un de ses artistes Jems Koko Bi se trouve aux Tuileries, avec une sculpure en bois de chène ""Empty" 2016. Il interroge les notions d'espace et d'histoire, vit et travaille entre Abidjan et Essen en Allemeagne

                                    Jems Koko Bi "Empty" 2016 @galerie Cécile Fakhoury


In situ - Fabienne Leclerc dont le stand tout entier est consacré au trio d'artistes iraniens Rokni Haerizadeh, Ramin Haerizadeh, les deux frères et leur compère Hesam Rahmanian. Ils sont exilés à Dubaï, vivent et travaillent ensemble depuis 2009. Leurs créations, hauts en couleur :  oeuvres murales, vidéos, peintures, dessins, céramiques, mobilier,  même le grand sol laqué. Les artistes se servent de  l'actualité, de la peinture classique européenne, des livres, de l'histoire. Leurs myriades de créations ont déjà été montrés à la Kunsthalle à Zurich, l'ICA de Boston, la Schirn Kunsthalle à Francfort, entre autre. 

Solo-show de Ramin et Rockni Haerizadeh et Hesam Rahmanian @galerie In Situ-Fabienne Leclerc

Laurent Godin est heureux d'avoir vendu à un grand collectionneur français l'installation de sculptures dans le jardin des Tuileries "Out of touch" de Sven't Jolle né à Anvers, vit et travaille à Melbourne.Il y dénonce le capitalisme et l'Etat de Providence a été conclu d'une vente d'environ 50.000 euros.

                                    Sven't Jolle "Out of Touch" 2019 @galerie  Laurent Godin

Nathalie Obadia qui vient d'ouvrir un autre local au 91 rue du Faubourg Saint Honoré, face à Piasa, tous les artistes de son stand ont été vendus au moins une fois, dont Laure Prouvost avec plusieurs tapisseries d'un montant entre 90 000 et 120 000 euros. 

La FIAC OVR (Online Viewings Rooms) est restée pour la 2eme année pour un public confiné derriere son écran, permet très souvent auprès de celui ci d'acquérir sa première oeuvre.

Tous s'accordent à dire, avoir  ressenti une grande satisfaction, de belles performances et une grande énergie de tous les acteurs du milieu de l'Art.  Aidé par les expositions Hors les Murs avec les 25 sculpures aux Tuileries, Place Vendôme, au Musée Eugène Lacroix, les projections de films et la contribution des lieux artistiques institutionnels et privés. Moins de foire Off gravitaient autour.

                                                                                                                Elisabeth PETIBON

FIAC Paris

Grand Palais Ephèmère 

du 20 au 24-25 octobre 2021


vendredi 22 octobre 2021

Asia Now "Eveiller les consciences" pour cette 7eme édition

Asia Now 2021, met en avant une prise des consciences suite à la pandémie sanitaire et aux bouleversements écologiques du Monde. Alexandra Fain, directrice et co-fondatrice avec Claude Fain de la Foire, nous fait découvrir, pour cette édition,  "Les Arts de Vivre" sur cette planète endommagée avec une vision, un engagement social, sociétal et écologique. Cette année, Asia Now explore la scène iranienne. Quarante galeries internationales, européennes et françaises y sont présentes. Huit galeries iraniennes sont pour la première fois à Paris, en provenance directe de Téhéran. Un riche programme curatorial, dont trois commissaires d'exposition invités ont carte blanche 


"Making Worlds Exist" sous le commissariat de Kathy Alliou, directrice du département des Beaux Arts de Paris  - soutenu par Sisley

Nous devons porter notre attention aux murs et aux sols. L'exposition s'inspire de la vie du champignon Matsutaké pratiquement disparu des forêts du Japon et du récit "Le champigon de la fin du monde : sur la possibilité de vie dans les ruines du capitalisme" d'Anna L. Tsing, anthropologue. Ce sont les champignons qui permettent des relations inattendues entre les êtres humains.


 
"Night Musrhom" de Trevor Yeung 

Le sol, la géologie, la surface de la terre, entre horizontal et vertical, permet d'interroger la présence de l'humain dans la végétation. Les artistes font resurgir les dualités entre terre natale et terre d'adoption. Les feuilles de bananiers en bronze de l'artiste Thu-Van Tran  jonchent le sol, comme autant de traces de l'action de l'homme dans les forêts asiatiques. Elle expose en même temps au Musée Guimet dans la bibliothèque historique

"Novel without a Title" de Thu-Van Tran


L'artsite française Marie-Ange Guilleminot, diplomée de la Villa Arson à Nice en 1985, présente via le kymono en soie blanc et rose, un travail réalisé sur plus de dix ans au Japon, sur la mémoire d'Hiroshima 


"Shun" sous le commissariat de Nicolas Bourriaud, historien, critique d'Art et Curateur indépendant

Concept chinois qui se focalise sur les origines, dans le Tao. Il s'agit d'épouser le cours des choses. Au contraire de l'occident, le monde entier est le théâtre d'une opposition entre la culture (humaine) et la nature, contenant neutre. Nicolas Bourriaud avait en 2014 organisé une biennale à Taipei, la première qu'il a consacrée à l'anthropocène et au changement climatique interprété dans les travaux  artistiques. Les artistes essaient de répondre dans leurs oeuvres à une époque où les modes de vie, les systèmes de production toxiques se confondent avec l'économie productiviste mondiale


"Burnings Wings" sous le commissariat d'Odile Burluraux conservatrice au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris 

Un programme vidéo de treize artistes femmes iraniennes, dédié à la poétesse iranienne Forough Farrokhzad décédée à l'âge de 33 ans. Ce médium est très peu  mis en avant en Iran par rapport au cinéma et la photographie. Le rapport à l'image est devancé par les réseaux sociaux  pour leur puissance subversive de résistance politique.Ces femmes artistes sont engagées, déterminées à soutenir les protestations silencieuses, elles agissent, elles expriment leur envie d'exsister 

                                Past Continuous séries, photographie 2017 de Tahmineh Monzavi


La plateforme de soutien à la création contemporaine, la CMS Collection présente l'artiste franco-vietnamienne Huong Dodinh, sous le commissariat d'Hervé Mikaeloff. Cette artiste a accumulé plus de cinquante années de techniques picturales. Elle est continuellement à la recherche de la lumière, afin de la mettre en avant. Aussi, elle  intégre dans ses toiles le savoir-faire de la laque vietnamienne et superpose plus d'une vingtaine de couches de peinture.  On peut voir également ses oeuvres au MNAAG (Musée National des Arts Asiatiques Guimet) dans la salle Champa, et à l'hôtel d'Heidelbach pour ses oeuvres plus récentes

                                                 Huong Dodinh quadriptyque 4 saison, 2004 


La galerie Templon présente l'artiste indienne Anju Dodiya, absente de l'Europe pendant cinq ans. Elle mélange  dans ses oeuvres, aussi bien des miniatures indiennes, des photos de journaux, des tapisseries médiévales françaises sur un support en bois, dénonçant  les conflits entre vie intérieure et réalité extérieure.

                                       Anju Dodiya "Tower of Slowness" 2021 @galerie Templon

La galerie Templon présente, également, l'artiste japonaise Chiharu Shiota, elle vit et travaille à Berlin. Elle a imaginé pendant la pandémie, une oeuvre de deux métres sur six métres  "Living Inside" mélangeant un mobilier de maison de poupée et d'objets recyclés miniatures, tissés avec du fil rouge. Elle joue sur les notions de temporalité en son centre du corps et du mouvement. Son oeuvre a été vendue 350 000 euros à un musée chinois

                                            Chiharu Shiota "Living Inside" 2021 @galerie Templon


C'est la première année qu' Asia Now propose des tables rondes et plus particulièrement une sur la situation de crise en Afghanistan pour les artistes.

Cette édition d'Asia Now est d'une qualité toujours aussi réjouissante. Elle continue d'élargir ses territoires géographiques asiatiques en s'ouvrant vers l'Asie du Sud-Ouest, tout en restant dans un pragmatisme positif, éclairée et engagée

                                                                                                                Elisabeth PETIBON


ASIA NOW
9 Avenue Hoche 
75008 Paris
du 21 au 24 octobre 2021